"Parcours Croisés" - Suite - Chapitre 42

Parcours croisés – Lundi
Chapitre 42
Annie

Contrairement à mon habitude, je suis partie courir ce matin sans véritable envie.
Et depuis une semaine, je n’ai pratiquement pas mis les pieds dans la serre.
Depuis des années, les départs et les retours de Marco, mes fleurs, mes joggings, les rendez-vous à l’agence, étaient les faits les plus marquants de l’organisation de mon temps et rythmaient mes semaines.
En six jours et en six nuits tout a été balayé.
Plus de Marco, déjà ! Mes fleurs ? Je n’y ai pratiquement pas pensé. Le jogging … en fait d’activité physique … ce qui se passe dans le lit de Tina et Alain me comble ! J’aime courir, pourtant, mais ce matin il a fallu que je me force.
Dès le troisième kilomètre, après avoir traversé la voie ferrée, j’ai su que ce serait très dur de finir le parcours choisi : trop de jours trop bien remplis … de trop d’excès. Alcool et sexe, voilà un régime auquel je ne suis pas habituée, et qui pèse très lourd dans mes jambes.
J’ai réduit un peu la fréquence de mes foulées. Bientôt les bois et les allées forestières ombragées.
Je préfère courir en bord de route que sur les chemins de terre à cause des ornières, des racines, de quelques chemins mal empierrés, mais au moins je serai à l’ombre sur la plus grande partie.

Souvent, en courant, je me fais des films sur les gens que je rencontre, mes lectures, de vagues projets … tout et n’importe quoi égayant un quotidien sans surprise, palliant les frustrations d’une vie trop calme. Dans ma tête aujourd’hui, il n’y a qu’une joyeuse pagaille rose bonbon.
Ce qui se passe depuis … six jours ? À peine six jours ! Dépasse tous mes fantasmes, bouscule tout.
Un travail, plus de mari, des amis, des amants, des projets … un horizon tout neuf ! La Grèce … la librairie avec Christophe, Tina et Alain … attention … attention Annie … trop beau ? Trop rose ? … je m’en fous, on verra bien ! J’ai plus vécu en une semaine qu’en … huit ans ? Dix ans ? Alors …
Mal aux jambes, presque un point de côté, des images plein la tête …oups ! J’ai failli manquer le chemin.

A droite jusqu’à l’ancienne cabane, cinq cents mètres et je prendrai à gauche aux « quatre routes » … là où un jour j’ai surpris un couple … je les voyais, de loin, et plus j’approchais, plus il était évident que j’allais déranger ; mais après tout, ils auraient pu mieux se cacher ! Lui avait le pantalon sur les chevilles, le caleçon à mi cuisses. Elle, était nue des pieds à la taille, penchée en avant, mains aux genoux, et lui tendait ses fesses. Plus j’approchais et plus la scène devenait nette. J’ai pensé m’arrêter, faire demi-tour … ment ils allaient m’entendre ou me voir arriver … lui, quand j’étais seulement à une trentaine de mètre, a tourné la tête. Il riait, pas l’air gêné du tout, n’a pas ralenti un instant. Elle, soit n’a rien remarqué, soit s’en fichait autant que lui, et j’entendais les petits cris aigus qui ponctuaient les coups de rein. Ce qui m’aurait amusé, ça aurait été de reconnaître l’un des deux, de les croiser dans le village un autre jour … mais non, deux inconnus qui profitaient de la fraîcheur des bois. Je les avais dépassés, une envie folle de me retourner pour les observer encore ; et je n’avais pas osé.
Je viens de tourner à gauche ; j’ai avalé les cinq cents mètres sans m’en rendre compte en repensant aux deux amoureux de la cabane. Plus loin, après la petite clairière, c’est le chemin des biches, un matin, trois biches ou chevreuils, je sais pas, qui m’ont regardée passer sans bouger … 8 ans que je cours dans tous les sens autour du village ; une image, une histoire, pour chaque lieu … sans m’en rendre compte, j’ai un peu accéléré, reprenant un rythme connu … mémoire du corps …
Je serai rentrée vers 8h30, Alain sera levé, je ferai une lessive. Alain tout seul, Annie au travail … Ça aussi c’est nouveau. Quelle attitude ? Quand Tina est là, d’accord … mais là ? … j’aurais l’impression de la trahir … je sais pas, on verra bien …
Zut ! Encore 4 bornes et j’ai plus d’eau ! Ça, c’est dû à trop d’alcool les jours précédents… Pas d’eau, jambes dures, je masserai plus longtemps.

Je dois être à l’agence à 10 heures ; l’architecte, le lotissement, les travaux rue Neuve … à midi c’est fini … il mange le midi ou non ? je crois qu’il a dit qu’il avait des cours à préparer … le quotidien … jusqu’à maintenant, c’était fête, mais tous les jours, qu’est-ce qui va se passer … je vais rentrer chez moi ? pas envie, pas envie d’être seule, envie d’être avec eux.
Demain c’est plus simple, tout le monde au boulot ! lui au Lycée, Tina à l’agence, moi à la librairie … et ment je finirai ma journée avant eux … donc retour chez moi … attendre qu’ils rentrent ?
Trop de questions … tout d’un coup le décor est moins rose ; vire au gris, même !

J’ai fait le tour par la terrasse ; quelques étirements en me tenant au tronc de l’érable …
Il me voit :
- Déjà rentrée ?
Il s’approche, attend que je me redresse, dépose un baiser sur mes lèvres, essuie mon front de l’index :
- Pas trop dur ?
- Un peu quand même …
Il a tiré un lit piscine à l’ombre de l’érable :
- Installe-toi, je reviens !
Il m’a ramené une serviette de toilette et une bouteille d’eau, un gros coussin qu’il a glissé sous mes mollets pour soulever mes jambes, et a commencé à délacer mes chaussures :
- T’as rendez-vous à quelle heure ?
- Dix heures …
Il a regardé sa montre :
- Bon ! Vingt minutes de récup, douche, stretching et massage, vingt minutes au calme et deuxième douche ! Je gère ! Après tu te feras belle pour partir ! Ça marche ?
- Ça marche … c’est ce que tu fais après l’aviron ?
- Non, avec ce temps là, on se fout à l’eau direct … et puis faut ranger le bateau, rentrer, c’est moins facile.
Il s’est penché pour m’embrasser sur le bout du nez en me caressant la joue et a disparu dans la maison. Son programme me convient … me laisser faire, le laisser faire. Je m’inquiétais de quoi ? Sais plus … calme … j’ai enlevé mon t-shirt et me suis enveloppée dans la grande serviette, j’ai fermé les yeux.

Sa grande main sur ma joue :
- Va prendre une douche ! T’as vu, il t’a adopté !
En ouvrant les yeux, j’ai vu le chat jaune assis sur le coussin au pied du lit piscine, assis bien droit, la queue enroulée autour de ses pattes, me fixant de ses yeux entrouverts. Il n’a pas bougé quand je me suis levée en m’aidant de la main tendue d’Alain.
Je suis restée longtemps sous l’eau tiède de la douche ; Alain est venu s’asseoir au bord de la baignoire, et après quelques minutes, il m’a tendu un drap de bain, m’en a enveloppée et m’a soulevée dans ses bras.
- Tu m’emmènes où ?
- Table de massage en plein air : tout est prêt pour Madame !
- Je peux marcher, tu sais !
- Je sais, mais j’ai envie de te porter …

Il m’a allongée sur un des coussins de lit-piscine qu’il avait installé dans l’herbe et couvert d’un drap de bain.
Etirements, souplesse des hanches, des genoux, des chevilles : il m’a tordue un peu dans tous les sens. Massage des cuisses et des mollets, des articulations, avec un liquide qui sentait assez fort le camphre : j’ai compris pourquoi il m’avait dit que je devrais prendre une deuxième douche !
Puis, à plat ventre, il m’a massé le dos et les épaules, les fesses et les jambes.
Je me sentais toute petite sous ses grandes mains et il aurait pu continuer des heures tellement c’était bon ! Il connaissait à la perfection le juste compromis entre fermeté et douceur :
- T’es un vrai pro, dis-moi ! Tu fais ça comme un vrai !
- Je m’entraîne …
- Si tu me masses comme ça à chaque fois, j’irai courir tous les jours !
Ses mains s’égaraient un peu … enveloppant mes cuisses, et remontant très haut, vraiment très haut, ses pouces sur mes fesses, ses doigts à l’intérieur des cuisses, effleurant des chairs plus tendres que le jogging n’avait pourtant pas malmenées … et il y revenait régulièrement, à chaque remontée sur mes jambes ; j’attendais ce retour, guettant le trajet, déçue quand je le sentais redescendre trop tôt … alors je l’ai un peu incité à recommencer, écartant à peine plus les jambes … et quant à la cambrure de mes reins accompagnant ses frôlements, ce n’était même pas volontaire, le corps parlait sans que j’en décide …
Un temps ses mains m’ont quittée et il a pris la serviette posée à coté de ma main … pour s’y essuyer les mains d’abord, puis mon dos et mes jambes, effaçant les excès d’onguent, et ses mains sont revenues sur mon dos, plus lentes, empaumant mes fesses, ses pouces les écartant, effleurant l’œillet brun, s’insinuant plus profond entre mes jambes.
Une main à plat sur mes fesses, l’autre s’est glissée, large, sous mon ventre, me soulevant légèrement. J’ai calé mes genoux plus hauts sur le drap de bain, reins cambrés. J’attendais sa caresse, déjà humide de ses effleurements pendant le massage ; ses doigts ont glissé sur la fente ouverte, sensation de douceur … tout doucement, la lente pénétration d’un doigt de la main qui me portait, son pouce de son autre main tournant doucement entre mes fesses … longtemps … doucement … trop doucement … il allait me rendre folle d’attente … il s’arrêtait, quelques secondes, une éternité, reprenait à l’invite de mon bassin qui se soulevait à sa rencontre … continuer comme ça … c’est si bon, et envie de plus de rythme, de brusquerie, en même temps. Il savait très bien mon attente et mon impatience, en jouait, il savait … il savait que plus il retarderait et plus je voudrais sa sauvagerie … longtemps … et il s’est fait dur, deux doigts plantés dans mon sexe, profond, raides, son pouce entre mes reins ouverts … et le plaisir tant attendu, enfin, me tenant crispée des cuisses aux orteils, à la limite d’une crampe.
Je me suis faite molle sur sa main, m’étirant, chatte alanguie. Il a repris ses lentes caresses du début, un moment, puis a repris son massage, sur mon dos, ses mains sur ma nuque, mes jambes à nouveau, de plus en plus léger.
Penché dans mon dos, il a plongé son visage dans mon cou ; petits baisers chauds ; son souffle déclenchait de longs frissons … il a étendu sur moi le drap de bain encore humide dans lequel il m’avait enveloppée en sortant de la douche, et en caressant mes cheveux, a murmuré à mon oreille :
- Il est 9 heures vingt, tu as le temps, ferme les yeux ; je viendrais te chercher …

J’étais prête à 10 heures moins le quart :
- Tu es superbe ! Il y a du monde sur le chantier du lotissement ?
- Je crois, oui …
- Vont pas travailler beaucoup …
- Tu crois que je devrais fermer quelques boutons de plus ? La jupe ? Le chemisier ?
- Non non ! C’est parfait !
- … ton massage aussi était parfait, tu es très doué !
- Quand on va le dire à Tina, je suis sûr qu’elle va se mettre au jogging ! Tu rentres vers quelle heure ?
- Midi et demi ? À peu près …
- Charcuterie et salades, ça te va ?
- Ouais, très bien ! Je ramènerai du pain !

J’ai garé ma vielle R5 sur la place. Presque son dernier voyage. J’ai prévu de la laisser au garage cet après-midi en prenant la neuve.
Ça avait surpris Alain que je ne sache même pas quelle voiture j’avais acheté ! Pour moi une voiture, c’est pas si important … il suffit que ça marche, après tout, non ?
L’agence est entre la mairie et une des maisons que j’ai fait aménager en trois logements : devanture à l’entourage vert pomme qui s’écaille un peu, peu d’annonces affichées. Je n'ai jamais fait bien attention, mais je crois bien que ce sont les mêmes photos depuis longtemps.
Si Tina voulait … on peut même agrandir en récupérant un appartement à côté !
Tiens ! Ils sont trois ! Le patron, Cléziaud, chauve et transpirant, à l’étroit dans sa chemisette … s’il respire trop fort, il éclate tous les boutons ! L’architecte, je l’ai déjà rencontré souvent ; mains molles et cheveux gras ; il est tout fier de me conduire au lotissement dans sa grosse Jaguar qui pue le cigare froid. Le troisième, jamais vu ; il est le seul à m’avoir vue entrer. Beau sourire, brun et bronzé, j’aime bien ; pas mal ; pas mal du tout ; et apparemment, il apprécie ce qu’il voit … après quelques minutes, il interrompt la conversation :
- Monsieur Cléziaud, je crois que vous avez une cliente …
- Ah ! Annie ! Vous êtes là ! Venez ! Je vous en prie, asseyez-vous !
Beau-brun a eu l’air étonné que je sois celle qu’ils attendaient … il avait dû s’imaginer une vieille dame … Mains-molles m’a fait un baise-main ; comme d’habitude ; quel âne ! Je suppose qu’il trouve que ça fait chic, que ça le pose …
- Quel temps magnifique, n’est-ce, pas ? Nous étions à Deauville ce week-end, c’était extraordinaire, ma chère ! La Normandie ! Pensez à la Normandie !
J’ai fini par récupérer ma main. Discrètement en m’asseyant, j’ai remis ma jupe en place : en fait je l’aurais bien laissée s’ouvrir, mais il était urgent de m’essuyer la main, humide de la transpiration de l’imbécile. Beau-brun avait les yeux sur mes genoux et n’a rien perdu de mon geste ; son petit sourire était éloquent.
- Nous parlions justement de nôtre … pardon, de vôtre lotissement. Les travaux avancent très bien, je pense même que nous sommes en train de respecter le délai de fin de travaux !
- C’est une bonne chose ! Et j’espère que vous allez accélérer encore ; je souhaite que tout soit terminé au terme du contrat avec votre agence courant décembre. C’est bien ce dont nous avions convenu Philippe ?
Cléziaud a hoché la tête d’un air embêté. La semaine dernière, il a avalé de travers quand je lui ai expliqué ma façon de voir : s’il respecte le délai, je négocie avec qui je veux l’esprit tranquille, et dans le cas contraire, je le quitte en claquant la porte.
Il ne semblait pas avoir envisagé les choses sous cet angle ! Il n’a pas de chance ! Je sais qu’il veut vendre et je sais que ma clientèle constitue la plus grosse part de son portefeuille. Et depuis la semaine dernière, il sait que je le sais ! Pauvre Cléziaud … et si ça se trouve, c’est moi qui rachèterai son agence … avec Tina !
Beau-brun a profité du silence gêné :
- Permettez-moi de me présenter. Romain !
L’architecte a enchaîné :
- Mais oui, pardon très chère, je vous présente Romain, mon assistant ; c’est lui qui désormais suivra ce dossier ! J’en suis navré, mais je vais me faire plus rare …
- Ravie de vous rencontrer. Annie.
Après tout, puisqu’on s’en tient aux prénoms … ah ! Au moins, lui a la main sèche et ferme ! Un bon point pour lui !
- Je manque à tous mes devoirs, j’oublie les présentations et j’oublie de vous proposer à boire. Pardonnez-moi ! Très chère ! Un verre d’eau ?
- Avec plaisir.
Je m’avançais pour prendre mon verre, mais Romain a été plus rapide :
- Je vous en prie, ne bougez pas !
Le pan de ma jupe avait glissé à nouveau et en me disant de ne pas bouger, c’est mes jambes qu’il regardait !
Nos regards se sont croisés quand il m’a tendu le verre d’eau. Amusé et direct, un brin complice. Ça me va … regarde mes jambes, beau-brun …
Il y a une semaine, je l’aurais à peine remarqué ! Aujourd’hui, je suis flattée et ravie de son attention pour mes cuisses. L’autre jour, je m’exhibais devant Jérémy, et aujourd’hui j’apprécie ce petit jeu avec un inconnu … je tourne mal, moi … et j’ai encore les empreintes d’Alain sur tout le corps … mais çà, beau-brun ne peut pas le savoir …

Sur le chantier, j’ai vu des murs, des toits, des cloisons, on a parlé électricité et plomberie, carrelage et faïence.
Romain, très galant et en même temps très naturel, me tenait la main quand il fallait enjamber une tranchée, soulevait pour moi les faisceaux de câbles électriques qui pendaient des plafonds. On marchait un peu en retrait, échangeant quelques mots avec les ouvriers, et il me prenait le bras pour m’entraîner avec lui … très tactile, le jeune homme ! Ne perdant aucune occasion de me toucher … je le laissais chasser de mon dos des poussières imaginaires, je me laissais faire, riais de bon cœur à ses plaisanteries.
Et puis son patron était pressé de partir, alors on s’est donnés rendez-vous la semaine suivante après avoir échangé une longue poignée de main. Je le reverrai avec grand plaisir ce beau-brun …

En mangeant sur la terrasse, j’ai raconté « beau-brun » à Alain. Son petit pantalon moulant juste ce qu’il faut, son polo de tennis et son bronzage, son geste de la main pour remettre une mèche en place. Alain souriait en secouant la tête.
- Il est aussi grand que toi, mais très mince. J’ai regardé ses mains … je lui ai pas demandé, mais il a des mains de pianiste, pour les massages, c’est peut-être un peu léger …
- En tout cas, il t’a plu !
- Il m’a regardé, j’aime bien …
- Mais tout le monde te regarde Annie !
- Je sais pas … ou je fais pas attention !
- T’as besoin de moi pour aller chercher ta voiture ?
- Non, ça va, j’y vais avec la R5 et je leur laisse. Après j’irai faire quelques courses : le frigo est vide !
- Appelle Tina, vois avec elle.
- Ok, chef ! Je vais l’appeler ! Je te fais un café ?

J’ai posé nos tasses sur la table du salon et je me suis assise avec lui sur le canapé avec le téléphone sans fil, un petit carnet et un crayon :
- …
- A part ça ? Tout va bien ? T’as bien couru ?
- C’était dur ! Mais ça valait la peine : Brad Pitt m’a fait un massage !
- Veinarde ! Et moi je travaille pendant ce temps-là !
- Ouais mais ton travail, avec Véro … ça peut vite dér !
- Pas faux ! Je te raconterai … et toi ? T’es sage ?
- Pour l’instant … je te passe Alain ! Ciao, ma belle, à ce soir ! … elle veut savoir si je suis sage …
Il a pris le téléphone, j’ai posé la main sur sa cuisse. Le temps qu’il échange quelques mots avec Tina, j’avais glissé les doigts dans la jambe de son short de coton. J’avais bien vu qu’il n’avait rien dessous !
Il s’est levé pour m’échapper ; tenant le téléphone d’une main, il a pris la tasse de café de l’autre et est parti se réfugier sur la terrasse. Je l’ai poursuivi autour de la table de la terrasse : au troisième tour, il ne restait plus beaucoup de café dans sa tasse et il a fini par s’arrêter :
- Tina ! Au secours ! Elle veut m’arracher mon short !
- …
- Ah d’accord ! Merci pour la solidarité ! Bon … eh bien tant pis ! Tu me retrouveras dans un drôle d’état …
- …
- A ce soir, chérie ! Je vais me sacrifier …
Il a posé le téléphone et a jeté un regard dégoûté sur sa tasse vide ; il a pris un air résigné, a poussé un gros soupir :
- Bon, je me rends, use de mon corps à ton gré !
- Oh ! Si môssieur le prends comme ça ! Je voulais juste jouer un peu ! Maintenant j’ai plus envie !
- Ah mais non ! Tu ne vas pas t’en tirer aussi facilement !
Il m’a poursuivie sur la pelouse, autour des arbres, et m’a rattrapée quand je me suis réfugiée dans la maison. Je me suis débattue, bien sûr, je freinais de mes pieds nus sur le carrelage, mais il me soulevait en me poussant vers la chambre, m’immobilisant d’une main dans le dos couchée quand il m’a couchée en travers du lit et qu’il se battait avec son short, troussait ma jupe jusqu’à me couvrir la tête. Il a pris mes poignets dans ses mains et a inséré un genou entre mes jambes, puis deux, m’écrasant de son poids.
Je suis joueuse, j’aime gagner … donc je continuais à me débattre, bien sûr, essayant de lui rendre la tâche aussi difficile que possible, mais malgré mes mouvements désordonnés du bassin et mes ruades, il a trouvé le chemin, son sexe dur a glissé une fois, deux fois, manquant son but, et d’un coup il m’a pénétrée, profond, et qu’est-ce que j’ai aimé perdre ! J’aurais même aimé, oh oui ! Qu’il se trompe de cible et butte sur mon œillet ! Moi qui n’aimait pas avant ! Oui j’aurais presque préféré !
Il a lâché mes poignets et en glissant les mains sous ma blouse, s’est agrippé à mes seins, me tirant vers lui en donnant de grands coups de reins jusqu’à ce que d’une main dans mon dos je le prenne à pleine main pour le sortir de mon ventre et le présenter plus haut. C’est là que je le voulais, au plus profond de mes reins tendus vers lui. Il a hésité un instant à l’entrée, peur de me faire mal, sans doute. Alors c’est moi qui me suis appuyée très fort sur lui, m’empalant littéralement, et qui ai donné les premiers coups de reins, très fort. Toujours cramponné à mes seins qu’il martyrisait de ses grandes mains, il a pris mon rythme, venant en butée en claquant ses cuisses sur mes fesses. Deux fois, trois fois, il est complètement sorti puis revenu très fort, très loin, me coupant le souffle. D’une main entre mes jambes, je me suis caressée, moi aussi à la limite de la violence, écrasant mon bouton sous mes doigts serrés, à plat, trempés de jus collant. Je m’étais déjà conduite au bord du plaisir quand il s’est immobilisé et j’ai senti les jets chauds, les contractions cadencés de sa verge et j’ai joui à son rythme, accompagnant ses soubresauts des contractions de mon anneau brûlant.
Il s’est retiré doucement, pas complètement, entraînant avec lui un peu de sperme qui a adouci le passage et calmé la brûlure, et a repris ses longs va-et-vient, mains plus douces sur mes seins durs et gonflés.
Il a basculé sur le côté, ses bras fermés sur moi, me plaquant contre son torse. Couchés en chien de fusil, toujours emboîtés, il est sorti de mes fesses, toujours dur et tendu et s’est enfoncé dans mon ventre, s’est immobilisé, calé tout au fond, sans rencontrer la moindre résistance tellement je coulais autour de lui.
Petit à petit son souffle et le mien se sont calmés. Ma main posée sur sa grande main la suivait, de mon front à mes joues, sur mes seins, sur mon ventre où je l’ai retenue, m’ouvrant pour elle, pour une caresse, pour la sentir là, chaude et forte. Je sentais son sexe se détendre et s’amollir dans mon ventre, lentement, et j’essayais de me contracter autour de lui doucement en crispant les muscles de mon ventre … ses muscles-là aussi j’aimerais les éduquer, leur apprendre à masser …
- Et toi qui disais que tu n’aimais pas …
- … j’avais envie … maintenant j’aime … aussi souvent que tu veux … aussi fort que tu veux !
- A ce point-là ?
- Mmm mmm … à ce point-là …
- Désolé pour ta jupe, elle est dans un drôle d’état ! Et … au fait ! T’avais pas mis de culotte ce matin ou tu l’as enlevée pour moi ?
- J’n'en ai pas mis ce matin …
- T’as montré tes fesses à ton « beau-brun » ?
- Mais non ! T’es bête !
- La prochaine fois ? Tu te réserves ? Tu nous le présenteras quand même … qu’on lui explique bien …
- Eh ! Je t’ai dit qu’il était mignon ! Je ne t’ai pas dit que je l’invitais dans notre lit !
- Si on dort à quatre, faut que je dise à Tina de changer toute la literie !
- Arrête ! Dis pas de bêtises … tu veux un mec dans ton lit ?
- Du moment qu’il ne prend pas tous les draps !

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